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Chapitre

20

唯之与阿,相去几何?美之与恶,相去若何?人之所畏,不可不畏。
荒兮,其未央哉!
众人熙熙,如享太牢,如春登台。我独泊兮,其未兆;沌沌兮,如婴儿之未孩;乘乘兮,若无所归。众人皆有馀,而我独若遗。我愚人之心也哉!俗人昭昭,我独昏昏。俗人察察,我独闷闷。忽兮若海,漂兮若无所止。众人皆有以,而我独顽且鄙。我独异于人,而贵食母。

Traduction de S.J. revisitée par Paris Lao Tang​

Quelle est la différence entre un compliment et un grondement ?
Quelle est la différence entre le bien et le mal ?
Ce que les hommes craignent, on ne peut s'empêcher de le craindre.
Quel espace immense !
Les hommes de la multitude sont exaltés de joie comme celui qui se repaît de mets succulents, comme celui qui est monté, au printemps, sur une planche de spectacle.
Moi seul je suis calme, et ne me montre guère ;
Un peu chaotique, je ressemble à un nouveau-né qui ne sait pas encore sourire à sa mère.
Vagabonder partout, je ne sais où aller.
Les hommes de la multitude ont du superflu ; moi seul je suis comme un homme qui a tout perdu.
Je suis un homme à l’esprit borné, dépourvu de connaissances.
Les hommes du monde sont remplis de lumières ; moi seul je suis comme plongé dans les ténèbres.
Les hommes du monde sont doués de pénétration ; moi seul j'ai l'esprit trouble et confus.
Je suis vague comme la mer; je flotte comme si je ne savais où m'arrêter.
Les autres ont tous de la capacité ; moi seul je parais stupide ; je ressemble à un homme rustique.
Moi seul je diffère des autres hommes, parce que je préfère être nourri par ma mère (le Tao).

Traduction de Stanislas Julien (1842)​

Combien est petite la différence de weï (un oui bref) et de o (un oui lent) !
Combien est grande la différence du bien et du mal !
Ce que les hommes craignent, on ne peut s'empêcher de le craindre.
Ils s'abandonnent au désordre et ne s'arrêtent jamais.
Les hommes de la multitude sont exaltés de joie comme celui qui se repaît de mets succulents, comme celui qui est monté, au printemps, sur une tour élevée.
Moi seul je suis calme : (mes affections) n'ont pas encore germé.
Je ressemble à un nouveau-né qui n'a pas encore souri à sa mère.
Je suis détaché de tout ; on dirait que je ne sais où aller.
Les hommes de la multitude ont du superflu ; moi seul je suis comme un homme qui a perdu tout.
Je suis un homme d'un esprit borné, je suis dépourvu de connaissances.
Les hommes du monde sont remplis de lumières ; moi seul je suis comme plongé dans les ténèbres.
Les hommes du monde sont doués de pénétration ; moi seul j'ai l'esprit trouble et confus.
Je suis vague comme la mer ; je flotte comme si je ne savais où m'arrêter.
Les hommes de la multitude ont tous de la capacité ; moi seul je suis stupide ; je ressemble à un homme rustique.
Moi seul je diffère des autres hommes, parce que je révère la mère qui nourrit (tous les êtres).

Commentaire de Paris Lao Tang sur la traduction de Stanislas Julien (1842)​

• Dans les deux premières phrases, Lao Zi utilise plutôt des termes de sens opposés pour montrer la différence apparente des comportements, alors qu’en réalité, la différence n’est pas aussi grande que cela. Ce n’est donc pas une opposition entre une petite différence dans la première phrase avec une grande différence à la seconde dans la traduction de SJ.
• "唯" veut dire compliment, "阿" veut dire grondement selon le sens originel de ces mots.
• Lao Zi voudrait ainsi souligner le fait que les gens veulent souvent, par crainte d’être exclus par les autres, se confondre avec les autres, et ne veulent pas suivre leur propre chemin. Ce n’est pas le cas de Lao Zi. Lui, il fait le choix inverse des gens ordinaires.
• "登台" veut dire monter sur une planche de spectacle et non monter sur une tour élevée dans la traduction de SJ.
• Dans "而贵食母" ; "母" veut dire effectivement mère au sens propre. Mais, ce mot indique ici le Tao. "贵" a un sens de "révérer". Mais ici, il correspond plutôt au sens de "favoriser", "préférer" .

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