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Chapitre

15

古之善为道者,微妙玄通,深不可识。夫唯不可识,故强为之容:
豫兮若冬涉川;犹兮若畏四邻;俨兮其若客;涣兮若冰之将释;敦兮其若朴;旷兮其若谷;混兮其若浊;
孰能浊以静之徐清;孰能安以久之徐生。
保此道者,不欲盈。夫唯不盈,故能蔽而新成*。

Traduction de S.J. revisitée par Paris Lao Tang​

Dans l'antiquité, ceux qui excellaient à pratiquer le Tao étaient subtils, mystérieux, abstraits et pénétrants.
Ils étaient tellement profonds qu'on ne pouvait les connaître.
Comme on ne pouvait les connaître, je m'efforcerai de donner une idée (de ce qu'ils étaient).
Ils étaient prudents comme celui qui traverse un torrent en hiver.
Ils étaient discrets comme celui qui craint de déranger ses voisins.
Ils étaient sérieux et respectueux comme un invité (chez un hôte distingué).
Ils s'effaçaient comme la glace qui fond.
Ils étaient simples et sobres comme le bois non travaillé.
Ils étaient ouverts et généreux comme une immense vallée.
Ils étaient accommodants comme une eau limoneuse.
Qui sait apaiser peu à peu une eau trouble et la rendre transparente ?
Qui sait animer peu à peu une eau calme et faire naître la vie ?
Celui qui sait maîtriser ce Tao ne se montre pas orgueilleux.
Il n’y a que celui qui n’est pas orgueilleux qui peut accomplir de grandes œuvres en silence.

Traduction de Stanislas Julien (1842)​

Dans l'antiquité, ceux qui excellaient à pratiquer le Tao étaient déliés et subtils, abstraits et pénétrants.
Ils étaient tellement profonds qu'on ne pouvait les connaître.
Comme on ne pouvait les connaître, je m'efforcerai de donner une idée (de ce qu'ils étaient).
Ils étaient timides comme celui qui traverse un torrent en hiver.
Ils étaient irrésolus comme celui qui craint d'être aperçu de ses voisins.
Ils étaient graves comme un étranger (en présence de l'hôte).
Ils s'effaçaient comme la glace qui se fond.
Ils étaient rudes comme le bois non travaillé.
Ils étaient vides comme une vallée.
Ils étaient troubles comme une eau limoneuse.
Qui est-ce qui sait apaiser peu à peu le trouble (de son cœur) en le laissant reposer ?
Qui est-ce qui sait naître peu à peu (à la vie spirituelle) par un calme prolongé ?
Celui qui conserve ce Tao ne désire pas d'être plein.
Il n'est pas plein (de lui-même), c'est pourquoi il garde ses défauts (apparents), et ne désire pas (d'être jugé) parfait.

Commentaire de Paris Lao Tang sur la traduction de Stanislas Julien (1842)​

• Il y a une différence d’interprétation assez grande sur la dernière partie. Les termes utilisés ne correspondraient pas très bien aux sens d’origine des mots. Beaucoup de mots se présentent de façon un peu négative par SJ alors que Lao Zi décrit plutôt des qualités humaines qu’il prône. Par exemple, SJ utilise le terme "étranger" pour le mot "invité", "vide" pour le mot "généreux", etc.
• Le mot 盈 peut effectivement s’interpréter comme "plein", mais ici, c’est plutôt dans le sens d’autosatisfaction, et donc d’orgueil.
• Dans la version de Dao De Jing utilisée par SJ, la dernière phrase est "故能敝不新成" (et non "故能蔽而新成" retenue par les autres versions) qui a le sens de "garder les choses anciennes et ne pas réaliser de nouvelles choses". Cette interprétation serait en contradiction avec le contenu général de ce chapitre, car Lao Zi y décrit les grands accomplissements de celui qui pratique le Tao. Ainsi "故能蔽而新成" est retenu ici (son sens propre signifie "savoir accomplir de grandes œuvres en silence").

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