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Chapitre

02

天下皆知美之为美,斯恶已。皆知善之为善,斯不善已。
有无相生,难易相成,长短相形,高下相倾,音声相和,前后相随。
是以圣人处无为之事,行不言之教;万物作而弗始,生而弗有,为而弗恃,功成而不居。夫唯弗居,是以不去。

Traduction de S.J. revisitée par Paris Lao Tang​

Lorsque tout le monde sait apprécier la beauté, cela signifie que la laideur existe partout.
Lorsque tout le monde sait apprécier le bien, cela signifie que le mal existe partout.
C'est pourquoi l'abondance et la déficience naissent l'un de l'autre.
Le difficile et le facile s’apprécient mutuellement.
Le long et le court se mesurent mutuellement.
Le haut et le bas se positionnent mutuellement.
Les tons et la voix s'accordent mutuellement.
L'antériorité et la postériorité s’ordonnent mutuellement.
De là vient que le Saint gère son affaire avec "Wuwei" (Non-contraindre).
Il livre ses instructions sans parler.
Il laisse les êtres évoluer naturellement et ne les perturbe pas.
Il les fait naître et ne se les approprie pas.
Il les aide à grandir mais n’attend rien en retour.
Quand les succès sont au rendez-vous, il ne s'attribue pas le mérite.
Il ne s’attribue pas de mérites ; c'est pourquoi les mérites ne le quittent point.

Traduction de Stanislas Julien (1842)​

Dans le monde, lorsque tous les hommes ont su apprécier la beauté (morale), alors la laideur (du vice) a paru.
Lorsque tous les hommes ont su apprécier le bien, alors le mal a paru.
C'est pourquoi l'être et le non-être naissent l'un de l'autre.
Le difficile et le facile se produisent mutuellement.
Le long et le court se donnent mutuellement leur forme.
Le haut et le bas montrent mutuellement leur inégalité.
Les tons et la voix s'accordent mutuellement.
L'antériorité et la postériorité sont la conséquence l'une de l'autre.
De là vient que le Saint fait son occupation du non-agir.
Il fait consister ses instructions dans le silence.
Alors tous les êtres se mettent en mouvement, et il ne leur refuse rien.
Il les produit et ne se les approprie pas.
Il les perfectionne et ne compte pas sur eux.
Ses mérites étant accomplis, il ne s'y attache pas.
Il ne s'attache pas à ses mérites ; c'est pourquoi ils ne le quittent point.

Commentaire de Paris Lao Tang sur la traduction de Stanislas Julien (1842)​

• Lao Tseu insiste sur l’existence simultanée des deux faces opposées d’un fait. La traduction de SJ laisse apparaître un ordre d'apparition des phénomènes dans "lorsque tous les hommes ont su apprécier la beauté (morale), alors la laideur (du vice) a paru."
• "有" et "无" dans la phrase"有无相生" (" l’abondance et la déficience naissent l'un de l'autre") ne jouent pas le même rôle que dans "无名天地之始;有名万物之母" du Chapitre 1. Ici, ces deux mots prennent le sens ordinaire de "avoir" et "ne pas avoir", et je les ai traduits donc par "abondance" et "déficience", et non pas Etre et Non-Etre désignant les deux formes de Tao (cf Chapitre 1).
• La compréhension du terme Wuwei (无为) qui est formé par l’accolage des deux mots 无 et 为. 无 veut dire absence, invisible, imperceptible, virtuel… (cf Chapitre 1), et 为veut dire dresser, faire, traiter, devenir, considérer comme, … . Les versions chinoises le comprennent comme une méthode de gouvernance « laisser le peuple la liberté d’entreprendre » voire laisser la nature de suivre son cours. SJ le traduit par "Non-agir". Des polémiques existent autour de sa signification exacte que Lao Zi voulait donner. En effet, il ne l’avait pas défini, mais a seulement donné des signes, dont certains sont dans ce chapitre. De ces signes, je m’aperçois que chez Lao Zi, ce terme est plus complexe que "laisser faire". Sinon, l’existence même de ce livre ne serait justifiée. En prenant le sens "absence" de "无" et le sens "dressage" de "为", alors "无为" (Wuwei) signifie une doctrine de gouvernance sans contraintes, ou insensible à ceux qui sont concernés. Elle consiste à utiliser des moyens souples, indirectes, suggestifs, incitatifs, pour faciliter ou encourager la libre entreprise, dans le cadre des valeurs définies, notamment les 3 trésors (cf chapitre 67). SJ utilise le terme " Non-agir " qui peut selon moi être trompeur pour les lecteurs non avertis. Je lui préfère donc le terme de " Méthode douce ". Il sera traduit simplement par "Wuwei" dans la suite du livre. Mais son vrai sens est plus subtile et complexe.
Son inverse Youwei (有为) sera considéré comme une méthode de gouvernance " coercitive" ou "Méthode forte" et sera traduit simplement par "Youwei" dans la suite du livre.
• Dans le premier paragraphe, j’ai utilisé le présent car Lao Zi y fait la description d‘une généralité.
• "行不言之教" est traduit par SJ par " Il fait consister ses instructions dans le silence ". Or, "不言" veut vraiment dire "sans parler". Avec le mot " silence ", on aurait l’impression que l’objectif serait de ne pas faire du bruit pendant l’instruction du maître. Or, Lao Zi voulait plutôt promouvoir une forme de commandement où la parole n’est pas nécessaire ! Ce sont les actes et l’idée d’être un modèle à suivre qui priment.
• "万物作而弗始" est traduit par SJ par " Alors tous les êtres se mettent en mouvement, et il ne leur refuse rien ". Le sens de " se mettent en mouvement " n’est pas très claire. " Il laisse les êtres évoluer naturellement et ne les perturbe pas " me semble plus claire et fidèle au texte d’origine.
• J’utilise "n’attend rien en retour" à la place de "ne compte pas sur eux" pour être claire et plus proche du texte d’origine.

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