
Chapitre 52
天下有始,以为天下母。既得其母,以知其子;既知其子,复守其母,没身不殆。
塞其兑,闭其门,终身不勤。开其兑,济其事,终身不救。
见小曰明,守柔曰强。用其光,复归其明,无遗身殃;是为袭常。
Traduction de S.J. revisitée par Paris Lao Tang
L’univers a une racine. Celle-ci est la mère du monde.
Si on connaît la mère, on connaît alors ses enfants.
Si l’homme connaît les enfants et qu'il préserve la racine, jusqu'à la fin de sa vie il n'est exposé à aucun danger.
S'il contrôle ses désirs, ferme son appétit, jusqu'à la fin de sa vie, il ne connaîtra jamais de soucis.
Mais s'il laisse aller ses désirs, ouvre grand son appétit, jusqu'à la fin de sa vie, il ne pourra être sauvé.
Celui qui arrive à voir les petits détails des choses s'appelle éclairé ; celui qui conserve sa souplesse s'appelle fort.
S'il fait usage de l'éclat (du Tao) et revient à son état éclairé, il n'aura plus à craindre aucune calamité.
C'est une règle à retenir pour toujours.
Traduction de Stanislas Julien (1842)
Le principe du monde est devenu la mère du monde.
Dès qu'on possède la mère, on connaît ses enfants.
Dès que l'homme connaît les enfants et qu'il conserve leur mère, jusqu'à la fin de sa vie il n'est exposé à aucun danger.
S'il clôt sa bouche, s'il ferme ses oreilles et ses yeux, jusqu'au terme de ses jours, il n'éprouvera aucune fatigue.
Mais s'il ouvre sa bouche et augmente ses désirs, jusqu'à la fin de sa vie, il ne pourra être sauvé.
Celui qui voit les choses les plus subtiles s'appelle éclairé ; celui qui conserve la faiblesse s'appelle fort.
S'il fait usage de l'éclat (du Tao) et revient à sa lumière, son corps n'aura plus à craindre aucune calamité.
C'est là ce qu'on appelle être doublement éclairé.
Commentaire de Paris Lao Tang sur la traduction de Stanislas Julien (1842)
• Il y aurait une erreur d’interprétation de la première phrase. SJ traduit "天下有始,以为天下母" par "Le principe du monde est devenu la mère du monde". Or, "天下有始" veut dire "l’univers a une racine";
• Traduire "既得其母" par " possède la mère" pourrait biaiser la compréhension. "connaît la mère" semble plus adapté;
• Le mot "勤" dans "终身不勤", indique des aléas en général plutôt que la fatigue ;
• Le mot "小" dans "见小曰明" signifie petit ou petit détail, et non "les choses subtiles" ;
• Le mot "柔" dans "守柔曰强" signifie la souplesse et la résilience plutôt que la faiblesse. Dans tout le texte de Lao Zi, "柔" (souplesse) est une qualité plébiscitée.
• Enfin, "是为袭常" veut dire quelque chose à retenir éternellement.