
Chapitre 51
道生之,德畜之,物形之,势成之。
是以万物莫不尊道而贵德。
道之尊,德之贵,夫莫之命而常自然。
故道生之,德畜之;长之育之;成之熟之;养之覆之。生而不有,为而不恃,长而不宰。是谓玄德。
Traduction de S.J. revisitée par Paris Lao Tang
Le Tao produit les êtres, la Vertu les nourrit, les matières leur donnent la forme et les forces de la nature les perfectionnent.
C'est pourquoi tous les êtres vénèrent le Tao et honorent la Vertu.
La dignité du Tao et la noblesse de la Vertu résident dans le fait qu’elles ne se positionnent pas en tant que maître des êtres mais les laissent évoluer naturellement.
C'est pourquoi Le Tao produit les êtres, la Vertu les nourrit, les fait croître, les éduque, les perfectionne, les fait mûrir, les alimente, les protège.
Il les produit et ne se les approprie point ; il les aide et ne s'en glorifie point ; Il règne sur eux et ne les traite pas en maître.
C'est là ce qu'on appelle une vertu profonde.
Traduction de Stanislas Julien (1842)
Le Tao produit les êtres, la Vertu les nourrit. Ils leur donnent un corps et les perfectionnent par une secrète impulsion.
C'est pourquoi tous les êtres révèrent le Tao et honorent la Vertu.
Personne n'a conféré au Tao sa dignité, ni à la Vertu sa noblesse : ils les possèdent éternellement en eux-mêmes.
C'est pourquoi le Tao produit les êtres, les nourrit, les fait croître, les perfectionne, les mûrit, les alimente, les protège.
Il les produit et ne se les approprie point ; il les fait ce qu'ils sont et ne s'en glorifie point ; il règne sur eux et les laisse libres.
C'est là ce qu'on appelle une vertu profonde.
Commentaire de Paris Lao Tang sur la traduction de Stanislas Julien (1842)
Il y a un écart d’interprétation assez grand concernant la phrase "道之尊,德之贵,夫莫之命而常自然". La traduction de SJ ("Personne n'a conféré au Tao sa dignité, ni à la Vertu sa noblesse : ils les possèdent éternellement en eux-mêmes") indique l’aspect intrinsèque de la dignité et de la noblesse du Tao et de la Vertu. Or, selon l’interprétation couramment acceptée, Lao Zi parle ici plutôt de l’origine de la dignité et de la noblesse du Tao et de la Vertu : ne pas se placer en maître des êtres. Cette interprétation est cohérente avec la suite du texte, alors que celle de SJ ne l’est pas. Il s’agit aussi d’une idée générale répétée tout au long du livre.