如何理解孔子的“七十而从心所欲不逾矩” - How to understand Confucius' "At the age of seventy, follow your heart's desires without exceeding the rules"
- 巴黎老唐
- 7 déc. 2024
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孔子在《论语·为政》中有一段著名的论述:“子曰:吾十有五而志于学,三十而立,四十而不惑,五十而知天命,六十而耳顺,七十而从心所欲不逾矩。”前五句比较容易理解,描述了孔子随着年龄增长,对人生认识不断深入的过程。从十五岁立志学习,探索人生的理念,到三十岁时已能行事合于礼仪、考虑周全。然而,这时他对世界的认识仍有迷惑,因为世界过于复杂、广阔。到四十岁,他才真正明辨是非,达到了“不惑”的境界;五十岁时,他领悟了“天命”,明白了人力无法胜天,天道主宰一切;六十岁,他能够听得进不同的声音,做到从容豁达、不与人计较,达成了“耳顺”的境界。
既然五十岁时已知天命、六十岁时又能包容一切,那么为何到了七十岁才有“从心所欲不逾矩”的进一步升华?难道这仅仅是因为他更自律、更能遵守规矩吗?并非如此。
“从心所欲不逾矩”并非意味着孔子时时提醒自己守规矩,而是指他随心所欲地做事时,自然符合规矩。此时,他的内心已无须设限,行为也无需刻意规范。他的意志完全与天道相融合,达到了天人合一的至高境界,这正是人生觉悟的巅峰。可以说,七十岁的孔子实现了类似于老子“无为而无不为”的境界。
这种思想与老子在《道德经》第三十八章中所说的“上德无为而无以为,下德无为而有以为”高度契合。老子认为,修行高的人行“无为”之道,无须刻意为之,而修行低的人虽行“无为”之策,却往往需要用心去实践。
孔子与老子是同时代人,孔子比老子小约二十岁。可以说,老子是孔子的思想导师。传说孔子曾三次向老子请教:
第一次是在孔子三十岁左右,他对周礼极感兴趣,向老子请教对礼制的看法。然而,老子并不推崇周礼,称其为前朝遗留的旧物。此后,孔子调整了研究方向,开始钻研仁义。
第二次是在孔子五十岁左右,他就仁义问题向老子请教。老子认为,仁义如同帝王的客房,可以短暂留宿,但不宜久居。他还教导孔子追求无为、崇尚简朴,不争名逐利,不贪恋权势,也不授人以柄,这样才能保护自己免受损害。
据说第三次见面时,老子对孔子表示,他已得道。
Confucius a formulé une réflexion célèbre dans Les Entretiens (Lun Yu, chapitre Wei Zheng) :« Le Maître dit : À quinze ans, je me suis consacré à l’apprentissage. À trente ans, je me suis affermi. À quarante ans, je n’avais plus de doutes. À cinquante ans, j’ai compris la destinée. À soixante ans, mon oreille était accordée. À soixante-dix ans, je suivais les désirs de mon cœur sans transgresser les règles. »
Les cinq premières étapes sont relativement faciles à comprendre : elles décrivent la progression de la compréhension de la vie par Confucius au fil des ans. À quinze ans, il s’est fixé comme objectif d’étudier et d’explorer les principes fondamentaux de l’existence. Après quinze années d’efforts, à trente ans, il était capable d’agir conformément aux rites et de prendre des décisions justes. Cependant, il était encore troublé par la complexité du monde. Ce n’est qu’à quarante ans qu’il a atteint la clarté nécessaire pour distinguer clairement le vrai du faux.
À cinquante ans, il a compris ce qu’il appelle la « destinée » (Tianming), acceptant que l’homme ne puisse pas vaincre le Ciel et que l’ordre céleste régisse tout. À soixante ans, il était capable d’écouter des points de vue divergents avec sérénité, démontrant qu’il avait atteint un état de détachement, comprenant qu’il n’y avait plus lieu de s’accrocher aux conflits ni aux désirs matériels. Mais pourquoi Confucius considérait-il que la sagesse ultime, celle qui permet de « suivre les désirs de son cœur sans transgresser les règles », n’était atteinte qu’à soixante-dix ans ? Est-ce simplement une forme d’autodiscipline renforcée, où l’on s’impose de ne pas transgresser les règles ? Pas du tout.
L’expression « suivre les désirs de son cœur sans transgresser les règles » ne signifie pas que Confucius connaissait les règles et s’efforçait consciemment de les respecter. Elle reflète un état où ses actions, bien qu’inspirées par ses désirs, étaient naturellement conformes aux règles. Il n’avait pas besoin de se contraindre : sa volonté était en parfaite harmonie avec l’ordre céleste. Il avait atteint le summum de la fusion entre l’homme et le Ciel, l’accomplissement ultime de la sagesse humaine. On pourrait dire qu’à soixante-dix ans, Confucius incarnait le concept taoïste du « non-agir » (wuwei), exprimé par la formule « ne rien faire et ne rien laisser inachevé ».
Cette idée résonne avec ce que Laozi écrit dans le chapitre 38 du Dao De Jing :« Celui qui a une vertu suprême pratique « non-agir » sans intention. Celui qui a une vertu moindre pratique « non-agir » mais avec intention. »Selon Laozi, celui qui est hautement accompli pratique le « non-agir » de manière spontanée, sans calcul ; à l’inverse, celui dont l’accomplissement est moindre doit s’efforcer consciemment de le faire.
Confucius et Laozi étaient contemporains, Confucius étant plus jeune d’environ vingt ans. On considère souvent Laozi comme un mentor de Confucius. Selon la tradition, Confucius aurait consulté Laozi à trois reprises :
La première fois, à environ trente ans, Confucius, fasciné par les rites de la dynastie Zhou, demanda à Laozi son avis sur les rituels. Laozi, peu impressionné, déclara que ces rites n’étaient que des reliques du passé. Cette rencontre poussa Confucius à réorienter ses recherches vers les concepts de ren (bienveillance) et de justice.
La deuxième fois, vers cinquante ans, Confucius interrogea Laozi sur la bienveillance et la justice. Laozi répondit que ces valeurs étaient comme une chambre d’hôtes royale : on pouvait s’y reposer une nuit, mais il ne fallait pas s’y attarder. Il encouragea Confucius à embrasser le wuwei et à rechercher la simplicité, à éviter la quête de gloire et de pouvoir, et à ne pas donner à autrui les moyens de le nuire.
Lors de leur troisième rencontre, Laozi déclara que Confucius avait maitrisé la Voie.
Confucius made a famous statement in The Analects (Lun Yu, Chapter Wei Zheng):"The Master said: At fifteen, I set my heart on learning. At thirty, I stood firm. At forty, I had no doubts. At fifty, I understood the will of Heaven. At sixty, my ear was attuned. At seventy, I could follow the desires of my heart without transgressing the bounds."
The first five stages are relatively easy to understand. They describe how Confucius’ understanding of life deepened as he aged. At fifteen, he dedicated himself to learning and exploring the principles of life. After fifteen years of effort, by the age of thirty, he was able to act according to propriety and make well-considered decisions. However, he still found the world perplexing due to its complexity. It was not until he turned forty that he attained clarity and could distinguish right from wrong.
At fifty, he understood what he called the "mandate of Heaven" (Tianming), realizing that human power cannot overcome the will of Heaven and that the celestial order governs everything. By sixty, he could listen to differing opinions with equanimity, demonstrating a state of detachment and the ability to let go of trivial conflicts and desires. But why did Confucius consider the ultimate realization to come only at seventy, when he could "follow the desires of his heart without transgressing the bounds"? Was this simply a heightened sense of self-discipline, where one consciously avoids overstepping rules? Not at all.
"Following the desires of one’s heart without transgressing the bounds" does not mean that Confucius was aware of the rules and deliberately adhered to them. Rather, it signifies a state where his actions, though guided by his desires, naturally aligned with the rules. There was no need for restraint; his will was in perfect harmony with the cosmic order. He had achieved the pinnacle of unity between man and Heaven, the ultimate realization of human wisdom. One could say that at seventy, Confucius embodied the Daoist ideal of wuwei ("non-action"), expressed as "doing nothing yet leaving nothing undone."
This idea aligns with Laozi’s words in Chapter 38 of the Dao De Jing:"The highest virtue practice "non-action" with no intent. The lower virtue practice "non-action" but with intent."Laozi believed that a person of great accomplishment practices wuwei spontaneously and without calculation, while one of lesser accomplishment must consciously strive to do so.
Confucius and Laozi were contemporaries, with Confucius being about twenty years younger. Laozi is often regarded as a mentor to Confucius. According to tradition, Confucius consulted Laozi three times:
The first time, when Confucius was around thirty, he was deeply interested in the rituals of the Zhou dynasty and sought Laozi’s opinion on these practices. Laozi, unimpressed, dismissed them as relics of the past. This encounter prompted Confucius to shift his focus to the concepts of ren (benevolence) and righteousness.
The second time, around the age of fifty, Confucius sought Laozi’s insights on benevolence and righteousness. Laozi likened these values to a royal guestroom—suitable for a short stay but not for a prolonged residence. He encouraged Confucius to embrace wuwei and pursue simplicity, to avoid seeking fame or power, and to refrain from giving others the means to harm him.
During their third meeting, Laozi reportedly acknowledged that Confucius had mastered the Way.
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